COMMUNICATION

 

L’histoire retiendra, parmi d’autres acquis de ces dernières décennies, les conquêtes dans le domaine de la communication et l’évolution de la condition féminine. On comprend dès lors, que dans un almanach consacré aux problèmes de la communication, une place toute particulière soit réservée à la femme. On a souvent dit que le monde actuel est en plein, dans la civilisation des médias. L’information et la communication y tiennent une grande place. Et on attribue au mot communication divers adjectifs pour caractériser les différentes formes. On parle alors de communication orale, humaine, sociale, audiovisuelle, supersonique, électronique, spatiale …

Même si l’Afrique ne connaît pas encore toutes les formes et toutes les techniques de communication connues dans les pays développés, elle s’ouvre progressivement dans la civilisation des médias modernes.  Aussi le nouvel ordre de communication que les états s’efforcent d’instaurer nécessite-t-il dès à présent, la participation de la femme aux emplois de niveau professionnel. Or dans l’ensemble des pays africains francophones, la femme n’occupe jusqu’ici qu’une place numériquement infime et qualitativement inférieure. Dans toutes les branches des médias, les femmes son minoritaires parmi les professionnels, mais ceci est particulièrement vérifié lorsqu’on examine les sphères de responsabilités où s’élaborent des décisions. Cette exclusion totale ou partielle a de multiples causes et conséquences et mérite une étude spécifique qui dépasse le cadre du présent article. Il convient toutefois de le mentionner, en quelques mots, et d’en rappeler le caractère préjudiciable.

Si la représentation féminine dans les métiers de la communication souffre d’une insuffisance qualitative et numérique, c’est d’abord pour des raisons de formation dont les racines son d’ordre historique. En effet la femme africaine a accédé tardivement à l’instruction. Cette discrimination historique s’est reflétée également dans les orientations professionnelles et influence encore aujourd’hui bien des jeunes filles et femmes dans le choix de leurs métiers. En effet pendant longtemps, la femme africaine, lorsqu’elle ne se cantonnait pas dans son rôle traditionnel de reproduction, elle s’orientait dans les « métiers dits féminins ». Ceux-ci excluaient les métiers de communication dans lesquels l’homme avait déjà pris une grande avance. A ces raisons historiques, il faut ajouter les attitudes discriminatoires envers les femmes de la part des directions des organes d’information bien souvent aux des hommes. Cette attitude était renforcée longtemps par la méfiance et les préjugés du public envers les femmes professionnelles des médias. Enfin il faut aussi noter comme raisons, les réticences des femmes elles-mêmes qui très souvent, manquaient de confiance et d’assurance et n’osaient point se lancer dans cette branche d’activité.

Vers la féminisation

Malgré cet ensemble de données, quelques femmes africaines se sont lancées très tôt dans la grande aventure de la communication. Consciente du pouvoir des médias dans la formation de l’opinion et désireuses de contribuer au changement de mentalités, d’attitudes en faveur de la femme en génral, de la femme africaine en particulier, ces pionnières ont souvent exercé leurs métiers, quelle que soient leurs motivations par ailleurs, avec un dévouement et un militantisme qui dépassaient de simples intérêts professionnels, c’est-à-dire leur réussite individuelle. Parmi elles on peut citer : Annette Mbaye, Sita Bella, Géraldine Faladé, Thérèse Kuoh, Mariama Keité, Germaine Epée. Emma Sanvee etc. Sous leurs noms ou sous de pseudonymes, elles ont créé des rubriques féminines dans les publications de l’époque, des émissions de radio, à destination des femmes, tout en s’occupant des autres domaines de la Presse. Ces femmes ont joué un rôle important dans l’éveil des consciences des femmes et pour la vocation des jeunes filles vers les secteurs des médias. Malheureusement, les débuts étaient particulièrement difficiles en raison du fait que le rôle et le statut des femmes agents de communication étaient encore mal définis et mal connus. De sorte que les nombreuses vocations ont été freinées ou détournées par des pressions parentales ou le poids des mentalités, en raison notamment des conditions matérielles précaires réservées aux journalistes dans l’exercice de leurs métier comme dans leur carrière.

Deuxième étape

La formation des journalistes et des agents spécialisés de la communication préoccupait depuis les indépendances particulièrement, les Etats africains. Cela s’est traduit au niveau des médias par la création des écoles spécialisés et des filières d’enseignement aux techniques des médiats. Cette formation dispensé autrefois entièrement dans les pays étrangers s’est progressivement déroulé dans les pays africains. On sait que le CESTI à Dakar (Sénégal) et le ESIJY à Yaoundé (Cameroun), heureuses initiatives des Etats africains ont formé plusieurs promotions de journalistes africains. Leur formation était souvent complétée par des enseignements supérieurs ou des stages dans les pays techniquement plus avancés d’Europe, d’Amérique et même d’Asie. Ces écoles constituent, avec celles crées dans différents pays, d’excellents supports pour le développement du rôle des médiats et la formation des journalistes ainsi que des agents de communication africains. L’accès des femmes et des jeunes filles à ces écoles marque la deuxième étape de la féminisation de ces métier –cette féminisation est devenue un phénomène irréversible- Très tôt les organes nationaux de presse et d’information ont pris l’habitude de créer des rubriques et des émissions féminines respectivement dans les journaux, à la radio et à la télévision, répondant ainsi à une demande féminine qui se faisait sentir chaque jour de manière pressante.

Des Initiatives féminines

Cependant il faut attendre 1964 pour voir sortir la première revue de femmes noires d’Afrique francophone, « AWA » sous la direction d’Annette Mbaye, Marie Thérèse Soghai, Aminata Ndiaye Girandou, Henriette Bathily Virgine Camara. Pendant ce temps, Sita Bella produisit à L’ORTF, une émission à destination des auditrices d’Afrique intitulé « De femmes à Femmes » A cette émission au nom évocateur, elle réunit outre quelques femmes journalistes déjà citées Aïda Diop-Gérard, Lise de Doo, Anne Ntolo. Ces deux initiative spécifiquement aux mains des femmes africaines seront suivies d’autres plus ambitieuses comme « Kos » ou plus modeste comme « Bell ». Quelques années plus tard sera crée une revue pour femmes africaines qui parait sous deux dénominations différents « Amina » et « Wife » dont l’éditorialiste et rédactrice en chef, une africaine est Assiatou Diallo. Sous double présentation cette revue est la seule actuellement en circulation pour l’ensemble des femmes africaines francophones. Il faut toutefois noter sur le plan local, l’existence des revue : »Moseka » pour les femmes Zaïroises et « Akassi » pour les femmes gabonaises, et des pages féminines dans des organes de presse nationale.

De nombreuses association de femmes éditent des bulletins, brochures tandis que la radio et progressivement la télévision, proposent des émissions (pour la femme et sur la femme) qui ont une large audience. Actuellement les métiers des médias sont largement ouverts aux femmes, leur offrant –autant qu’aux hommes – une plus grande sécurité d’emploi et de larges perspectives d’avenir. Certains agents exercent dans le cadre de la Fonction publique de leurs pays, d’autres appartiennent au secteur privé des médias et bénéficient donc des mesures légales de protection d’emploi  dans leurs pays.

Enormes potentialités

Juridiquement, dans la plupart des pays concernés, le statut des agents de communication, ne contient aucune discrimination basée sur la différence de sexe. Il pose au contraire une égalité devant l’emploi, le salaire et les responsabilités. Mais on sait que dans ces métiers, les femmes doivent souvent se battre âprement pour arracher aux hommes une parcelle de pouvoir. Elles ne peuvent réussir, dans ce domaine particulièrement, que si elles font preuve de compétence et de détermination et savent faire valoir leurs droits.

Les Africaines apportent déjà leur contribution à divers médias participant ainsi à la grande révolution qui s’opère dans les sciences et techniques de communication. Mais bien qu’elles y contribuent, elles sont loin d’y occuper des postes qualifiés tout au moins en nombre correspondant au formidable potentiel qu’elles représentent. Il est clair que les femmes exerçant actuellement dans les médias peuvent jouer un rôle médiateur important pour l’insertion d’autres femmes dans ce milieu professionnel. Elles sont d’autant plus utiles que les services d’orientation de bien des pays africains francophones disposent en cette matière de données insuffisantes susceptibles d’éclairer les choix des jeunes filles dans ce secteur. Les ministères de l’information, de la culture, de l’éducation ont également à de propos un rôle important, tant est évidente la nécessité d’orienter un plus grand nombre de jeunes filles et d’’encadrer leurs choix éventuels dans le secteur de la communication. Cette évidence s’exprime chaque année de plus en plus fortement à travers des demandes de lectrices.

Voici venir une nouvelle année et avec elle une fois de plus le désir pour beaucoup de jeunes filles d’entamer une carrière dans le secteur de la communication. On ne saurait trop leur recommander de s’informer sur les différentes possibilités de formation et des débouchés. Cette démarche est indispensable pour s’orienter sans risque d’erreur et aborder l’avenir en toute connaissance de cause, tant au niveau de la formation de la spécialisation que du recyclage. Du point de vue individuel, les métiers de l’information procurent au professionnel un épanouissement personnel. S’ils exigent la maîtrise de certaines techniques (technologie, parole, écriture), ils nécessitent un effort d’ouverture constant vers d’autres disciplines, une remise en cause périodique des connaissances acquises. Car le journaliste est à l’écoute des autres c’est-à-dire du monde. De cette ouverture, il doit tirer des enseignements pour son propre compte et des leçons pour son public. C’est ainsi qu’il contribue au progrès du savoir et de la liberté. C’est la raison pour laquelle toutes les politiques de développement et toutes les stratégies de communication doivent donner une large place à la femme comme agent et support de la communication.

Les espoirs : 

Les femmes africaines ont conscience d’avoir été les « grandes muettes » des temps modernes, parce qu’elles ne savaient ni lire ni écrire. Actuellement elles veulent s’exprimer. Cela justifie tous les espoirs qu’elles mettent dans les techniques de communication et dans l’action des femmes de médias. Héritières des traditions en pleine évolution (sinon perturbation) les africaines, à l’image même de leurs pays, éprouvent des difficultés à trouver l’orientation qui concilie leur passé et leur avenir de femmes engagées sans retour dans la modernité. Leur difficulté est d’autant plus grande que, en tant que femmes, elles tiennent à la stabilité, à l’équilibre et fuient les ruptures brutales dans la vie individuelle comme dans la vie collective. Il s’agit moins pour elles de s’installer dans la contestation que de rechercher des issues, des solutions satisfaisantes. Au cœur de cette recherche se situe l’action médiatrice de la femme journaliste (mais aussi de la réalisatrice, de la réalisatrice, de l’écrivain, de la chanteuse, de l’actrice etc. dans la mesure où elle peut à tout moment orienter le débat, sensibiliser le public, apporter chaque niveau, un éclairage nouveau, des éléments de réponses qui conduiront au progrès. C’est que la femme spécialiste des médias est un pilier de l’émancipation féminine et de la promotion sociale.

Dans les sociétés actuelles les besoins en communication augmentent et dans ce contexte général, la demande spécifique des femmes africaines est loin d’être saturée. En effet d’après plusieurs ministères de l’information, de la culture, de la condition de la féminine, les femmes écoutent davantage la radio, lisent la presse quotidienne, au cours de ce dernières années. De sorte que, en proportion, la progression du nombre d’auditrices et de lectrices est plus rapide et plus constante que celle d’auditeurs et de leurs lecteurs, notamment au cours de cette décennie. Alors qu’autour des années soixante, la plupart des femmes, même cultivées, instruites « avouaient se désintéresser de l’information (générale, politique ou même spécialisée aux problèmes féminins) actuellement 33,5% des femmes instruites affirment qu’elles lisent les quotidiens. Ces chiffres augmentent quand il s’agit d’écouter la radio ou de regarder la télévision. Il va de soi que ces études ont été faites dans les pays et les couches sociales où ces médias sont à la portée des femmes. Mais celles qui ne consomment pas encore de l’information sous telle ou telle forme, constituent un public une public virtuel pour les médias.

En tant que consommatrices, c’est-à-dire lectrices, auditrices, téléspectatrices, les femmes sont appelées à influencer la communication de demain. Ceci est d’autant plus encourageant qu’elles accèdent de plus en plus à une information très diversifiée. Car leur ambition est d’élargir leurs connaissances dans des disciplines nouvelles, d’approfondir leur savoir et leur acquis dans les domaines dans lesquels elles sont déjà initiées. Dans ces domaines, les tâches utiles et passionnantes attendent celles qui font preuve de capacités. Aussi là où elles se sont lancées, les africaines ont-elles su apporter une contribution d’une grande efficacité grâce à leur créativité, leur sensibilité et leur esprit critique.

Elles ont su créer et renforcer non seulement les productions spécifiques en direction des masses féminines, mais elles ont favorisé le pouvoir et la liberté d’expression d’un plus grand nombre de femmes. On voit ainsi combien l’action des femmes professionnels des médias et décisive pour permettre à la volonté des femmes de s’exprimer et aussi pour favoriser la projection d’une image digne et réelle de la femme. C’est grâce a elles qu’une certaine presse cessera peut-être un jour de présenter une image dépassée et dégradante de la femme africaine. Même si leur action n’est pas encore suffisante, elle est en tout cas, susceptible de provoquer au sein des sociétés africaines d’aujourd’hui des changements d’attitude et de mentalité en faveur des femmes. Tel est l’objet visé par la plupart des femmes africaines journaliste. Dans cette perspective il va de soi que cette tâche est l’une des plus exaltantes pour l’intégration de la femme au processus d’évolution actuelle pour sa pleine participation au développement social, économique et politique.

Les femmes, mieux que les hommes savent adapter les programmes de manière à assurer aux autres femmes une information adaptée à leurs spécificités. Leur spécialité est donc toute désignée. L’information qu’elles apportent ainsi favorise, par l’acquisition des connaissances et l’instruction qu’elle contient, l’épanouissement personnel de la femme ce qui contribue à l’évolution globale des masses féminines. Mais le journalisme économique offre également d’innombrables possibilités. Cependant il exige un personnel qualifié et opérationnel dès le recrutement. Il en est de même d’ailleurs pour le secteur de l’information politique. Les femmes y entrent et y réussissent de plus en plus. Les études menées par les organisations internationales, nationales et des maisons de sondages spécialisées ont prouvé en effet que les femmes s’orientent de plus en plus vers le journalisme politique. « Quand elles s’occupent de la politique, elles sont plu écoutées, affirme-t-on, par le public que les homme …à valeur égale ». Ces secteurs sont donc porteurs d’emplois nouveaux pour les femmes. Les africaines peuvent y trouver place dès a présent ; et si, l’accession à l’information politique –et autre- est une tache prioritaire de l’époque actuelle, elle ne saurait se faire en Afrique comme ailleurs dans le monde, sans la participation des femmes. C’est leur participation en tant que agents (journalistes ou lectrices) qui permettra à la notion juridique du « droit à l’information » de devenir une réalité vivante.

Dans le domaine culturel des initiatives des femmes seraient une appréciable contribution surtout si elles concourent à la conservation et la diffusion des cultures africaines grâce aux techniques de communication. Ceci constitue une voir intéressante non seulement pour les journalistes femmes mais aussi pour des productrices, réalisatrices, cinéastes. Dans ce cas leur œuvre sera utile non seulement à la société africaine d’aujourd’hui engagée à la recherche de son enracinement mais également à l’avenir. On voit que de nombreux domaines et de nombreux métiers sont ouverts aux femmes dans la presse écrites, le secteur audio-visuel, le cinéma, la décoration, la prise de son. On ne saurait trop les inciter à tenter  leur chance dans ces directions. Il est toutefois prudent d’opérer des choix en fonction des débouchés. Tout en obéissant aux motivations personnelles, aux préférences individuelles, le choix doit être réaliste, c’est-à-dire examiné à la lumière des possibilités en vérifiant que la spécialité désirée peut offrir à court, à long ou à moyen terme des débouchés. Pour une carrière sûre, il vaut mieux commencer par une qualification immédiatement exploitable et envisager un recyclage après un certain temps d’expérience professionnelle.

Communication sociale

Les sociétés africaines traditionnelles fonctionnaient avec leurs modes de communication spécifique dans lesquels les femmes ont toujours un rôle à jouer en tant que personnes établissant les liens entre leurs enfants (au sens large), entre différents membres de leurs familles, entre divers groupes ethniques auxquels elles appartiennent. Elles jouent donc  un rôle d’équilibre pour la survie et le prolongement de l’esprit communautaire africain. Leur rôle traditionnel de communication découle de cette position centrale dans la communauté et, dans cette perspective elles apparaissent comme des éléments fondamentaux de la communication sociale.  Par son activité d’éducatrice, la femme est généralement appelée à transmettre le savoir et la sagesse. Elle est par tradition support essentiel de la transmission de l’acquis et de la vie. L’africaine qui ne se sépare jamais de son enfant à bas âge, le portant parfois sur les dos, communique avec lui en permanence. Cette communication passe à la fois à travers son corps et son comportement. Elle est physique et sentimentale. C’st à travers la façon d’être et de vivre de la mère que l’enfant acquiert certaines notions telles que l’endurance à la souffrance physique et morale, la résistance à la faim et aux intempéries, la discipline musculaire, la conquête et la maîtrise du corps. En outre la mère éduque intellectuellement son enfant à travers les contes, (légendes, dictons, proverbes etc.) aussi le conte est-il le genre littéraire le plus répandu dans l’Afrique ancienne. Contre nos griots actuels de nombreuses femmes peuvent rivaliser. Elles évoquent des exploits de guerriers, des pêcheurs, des chasseurs, des récits de périls d’expéditions et des détails abondent, par évocation directe. Le ton est celui de la parole, les descriptions et les détails abondent, le suspens est toujours au détour d’une phrase ou d’un épisode. Tous les mécanismes sont mis en place pour permettre au public d’imaginer, de visualiser les scènes oralement décrites. La mère communique aussi à ses enfants toute une culture à travers des devinettes, des jeux, des chants, des danses. En effet les femmes africaines chantent et dansent à toute occasion.

La danse participe à l’expression de l’accueil et de l’hospitalité en Afrique. Ceci explique partiellement les exhibitions de groupes de danseuses en uniforme au coin des rues dors des visites officielles de hôtes étrangers dans les pays africains. En effet les Etats et les partis politiques se servent d’elles comme une force de propagande, de persuasion de premier choix, tant leur disponibilité est grande pour cette forme de communication. Cette utilisation politique des danseuses se fonde sur les vieilles pratiques ancestrales qu’avaient déjà signalées de nombreux explorateurs missionnaires, administrateurs ou mêmes voyageurs illustres comme André Gide dans ses deux célèbres récits de voyages sur l’Afrique. Ceci vient conforter la perception de la force messagère des femmes dans les sociétés africaines qu’autrefois mais aussi contemporaine et vient également à l’appui du rôle éminent des femmes dans la communication sociale. Le message politique passe parfois aussi par l’habillement. Danseuses occasionnelles ou non, les femmes exhibent les effigies présidentielles et celui du visiteur illustre sur leur propre corps. Dans ce cas le corps n’est rien d’autre qu’un présentoir. Mais pour l’Africaine elle-même, c’est un moyen de ne pas manquer l’événement, de participer parce que traditionnellement, elle communique avec la vie quotidienne, sociale, de manière constante et à tous les niveaux.

Associations féminines support d’une communication pour le développement.

Les médias remplissent plusieurs fonctions dans les sociétés actuelles. Ils servent à transmettre les nouvelles, à véhiculer la publicité mais aussi à éduquer et distraire le public etc. Les associations féminines sont appelées à devenir plus encore qu’aujourd’hui, des supports puissants pour la communication sociale et politique.  De tout temps les femmes africaines se sont associées pour résoudre en commun leurs problèmes au sein des associations traditionnelles. Celles-ci sont généralement basées sur l’entraide. Les associations actuelles ont changé de nature et de structure, elles ne sont plus forcément tribales ou ethniques. Au niveau national, elles groupent les femmes de toutes  origines. Elles sont de ce fait, les lieux collectifs et privilégiés d’expression, de dialogue et de communication pour les femmes. Elles jouent un rôle prépondérant dans la satisfaction des besoins de communications sociales et culturelles non seulement des masses féminines mais des population d’une manière générale.

Sur le plan économique, ces groupements permettent des contacts stimulants pour leurs membres. Les femmes de générations différentes se côtoient, s’enrichissent mutuellement. Grâce à ces échanges, elles approfondissent leurs  connaissances sur leur pays et sur le reste du monde. Les femmes sans profession y trouvent des contacts dont elles sont privées et les femmes travailleuses s’y procurent des liens qui sont d’une autre nature que les relations professionnelles. Ces échanges collectifs ou individuels stimulent l’éveil et les initiatives. On doit à ces associations de développement des « tontines » et divers modes de financement propres au secteur féminin dont le rôle dans le domaine de la restauration et le tourisme gastronomique se développe très positivement. On peut aussi citer le secteur immobilier et le commerce de divers produits. On voit que non seulement ces femmes attendent des médias des informations adaptées, mais leurs activités économiques sont des sources inépuisables de documentation et de production pour les programmes.

Au niveau politique, ces associations peuvent rendre d’innombrables services. Elles jouent déjà un rôle pédagogique pour l’instruction civique et la sensibilisation aux problèmes politiques. Ce projet éducatif est d’ailleurs inscrit dans les statuts et les objectifs des différents groupements féminins. Sa mise en application passe par un effort systématique d’alphabétisation, souvent fonctionnelle et basée sur les techniques audiovisuelles. Il s’agit d’une branche de la communication en plein essor. Les radios et télévisions éducatives comptent déjà parmi les animateurs, quelques effectifs féminins. Il va de soi que les bénéficiaires de cet effort à long terme sont les médias, outre les femmes elles-mêmes qui, à travers la lecture des publications adaptées, les séances de projection ou d’audition d’un matériel éducatif appropriée, apprennent des notions susceptible de contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie. Dans ce sens de nombreuses femmes produisent des émissions (ou vidéocassettes)  parfois en langues africaines, à l’intention et sous l’impulsion des associations de femmes. Malheureusement on méconnait trop souvent le rôle pédagogique de ces associations pour ne retenir que celui d’une force de propagande politique.  Même dans ce domaine, les associations ont besoin d’une communication qui saurait répondre à leurs demandes et aux exigences des tâches qui leur sont dévolues par les formations politiques. Car les associations reçoivent, outre les directives précises d’actions, une avalanche de publications en provenance des administrations, des organismes internationaux, des groupements religieux. Cette importante documentation les sans qu’elles puissent la trier en s’en servir valablement. Aussi apprécient-elles des émissions et rubriques de vulgarisation politique. Il en existe déjà, mais elles sont souvent marginalisées par leur fréquence, leur importance et leur heure d’écoute ; il est utile de les intensifier si on veut donner aux femmes les chances de mener une action politique consciente. Seule la présence plus accrue des femmes journalistes favorisera la prise en compte par des programmes, des stations et des journaux de toutes ces données sans lesquelles on ne pourra jamais gagner la bataille de l’obscurantisme féminin.

La femme journaliste ne possède pas tous les pouvoirs, mais elle a celui d’informer c’est-à-dire d’éclairer les décisions et de les renforcer. Elle est un des éléments les plus sûrs pour faire entendre les aspirations des populations et en particulier, celles des femmes. Elle peut intervenir sur tous les fronts de la vie : famille, les enfants, le couple, l’éducation, le sport, le cinéma, les loisirs, l’économie, la politique, l’information générale. Devant elle de nouveaux domaines d’intervention s’ouvrent chaque jour. A elle de savoir conquérir sa nouvelle place et de définir son action.

Les masses féminines africaines lui offrent de grandes possibilités de réalisation et d’écoute. Dans l’Afrique actuelle la femme conserve encore un grand pouvoir de transmission et, bien souvent, des messages et des informations qui échappent à la communication médiatisée sont véhiculés par elle selon des techniques spécifiques aux traditions africaines orales. Aussi la rumeur tient-elle une place importante dans la divulgation des nouvelles, de bouche à oreille, d’un coin à l’autre du pays. Elles sont toujours porteuses d’un message non écrit, d’une loi non promulguée, mais dont le contenu se transmet toujours et parvient au moindre petit village. Le message peut subir des transformations, des exagérations ou des simplifications, mais il parvient immanquablement à destination. L’efficacité des rumeurs n’est plus à démontrer. Il s’agit d’un phénomène souvent observé dans la vie politique et sociale qui, malgré ses aspects négatifs peut être utilisé comme une force de communication. Des études sérieuses méritent n’être poursuivies dans ce domaine grâce aux moyens modernes de communication. Si elles savent rester fidèles aux traditions médiatrices de l’Afrique et respectueuses des contraintes actuelles de leurs métiers, les africaines, avec leurs innombrables richesses de sensibilité, de vision, d’émotion doivent pouvoir réussir dans les carrières des médias et devenir « les symboles » d’une communication différente, c’est-à-dire authentiquement africaine. Il faudra faire preuve de compétence et de créativité. (ACCT ALM/87)

 

C’est à plusieurs titres que Thérèse Kuoh Moukoury  s’était rendue à  la conférence de la Francophonie. Elle représentait son Association l’UFAME , la Revue Devenir Devenir dont elle était Secrétaire de rédaction ainsi que la Fédération des associations d’anciens combattant d’expression Française U.F.A.C.E.F dont le Commandant Nicolas Rougier était le Président et Délégué pour la

A ce titre, elle eut fut reçue par le Président de la République du Niger,  avec la lettre d’introduction suivante adressé à Son Excellence Hamani Diori.

DELEGATION  EN  FRANCE  DE  LA  FEDERATION  DES  U. F. A. C. E. F                                                                                

N. ROUGIER

Délégué Pour La  France                                                                               A son Excellence  Hamani  Diori

40, rue du Châteaudun                                                                                  Président de la République du

Paris IX e  -  Tel 874.23.78                                                                              Niger

 

Monsieur le Président de la République,

Je me permets respectueusement de me rappeler au bienveillant souvenir de votre Excellence.

Je suis le Commandant Rougier, Président-Fondateur du Mouvement U.F.A.C.E.F qui sur le plan mondial, groupe les anciens combattants et anciens militaires francophones répartis par Etats dans chaque continent en des « Unions Fraternelles d’Anciens Combattants d’Expression Française ».

Vous n’avez peut-être pas oublié que, lorsque, voici cinq ans, j’ai fait en Afrique francophone ma première tournée, pour exposer le programme et l’idéal du Mouvement U.F.C.E.F, c’est par la République du Niger que j’ai commencé et vous avez bien voulu, au cours d’une audience que vous m’avez accordée, le 12 Mai 1965, m’accorder votre appui, le « Mouvement U.F.A.C.F. a pris le départ, et , ne cessant de s’étendre, il groupe aujourd’hui, sur le seul continent africain, plus de 600.000 anciens combattants et anciens militaires de langue Française qui viennent de constituer une union unique au cours d’un congrès constitutif que s’est tenu à Ouagadougou les 26, 27 et 28 Février 1970 et auquel j’ai  assisté. Les Délégués de ce congrès m’ont fait l’honneur de me désigner comme leur délégué pour la France.

C’est à ce titre, autant qu’en ma qualité de fondateur du Mouvement que je demande à Madame Thérèse Kuoh de me représenter auprès de vous à l’occasion de la Conférence qui s’ouvre à Niamey. Elle est toute désignée pour cette mission car c’est sous son autorité et sa direction que j’édite les deux publications suivante :

1)      « Souvenir et Devenir », périodique destiné aux anciens combattants et anciens militaires des armées nationales francophone et plus particulièrement diffusé en Afrique.

2)      « Devenir », magazine populaire d’information et de culture qui s’adresse à un ensemble de lecteurs plus élargi.

Me référant à votre récente lettre adressée à M. le Ministre Triboulet, manifestant votre sympathie à mon action, je suis certain que vous réserverez  bon accueil à Madame Kuoh et je vous en exprime par avance ma profonde gratitude.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute et respectueuse considération.

                                                                                                N. ROUGIER

 



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